Damoiseau : de 1980 à 1995

Ces assemblages pur jus-mélasse sont pour moi des figures emblématiques de la distillerie Damoiseau, les versions « brut de fût » destinées aux amateurs que nous sommes. Nous resterons aujourd’hui sur l’analyse des embouteillages officiels, Velier ayant sorti 2 versions respectives des millésimes 1995, 1991 et 1989 ainsi que sa propre version du 1980. Si vous souhaitez en savoir plus à ce sujet ainsi que sur l’improbable histoire du Damoiseau 1980 je vous invite à aller lire l’article de notre cher Olivier.
Commençons par le plus jeune…

Damoiseau 1995-2010 (66.9%)

Nez: L’attaque est franche, c’est concentré. L’alcool se fait un peu trop présent mais on a une belle profondeur. On a le bois de chêne, la pastèque, le sucre brun, la cire de bougie, la cerise, la vanille, le tabac, le camphre, des notes végétales ainsi que des notes plus fumées.
Bouche: L’intégration alcoolique est meilleure qu’au nez, ça chauffe crescendo avec une légère astringence. On y retrouve le bois ciré, la pastèque, le cola, le camphre, la vanille, le chocolat au lait, la pomme, la cerise et le gingembre.
Finale: Longue et légèrement amère. Menthe, cassis, mûres, bois, sucre brun, cendres froids.

Les watts se font ressentir tout au long de la dégustation, plaira ou plaira pas, pour moi ce n’est pas un « wow » mais c’est validé.

Score: 6/10

Damoiseau 1991-2010 (54.4%, fût #31)

Nez: Du bon Coca-Cola, celui qui s’est chargé de la sauce ou de la chauffe du fût devait avoir la délicatesse de Maïté! Le profil est bien dark avec le bois, le café, le cola, la pêche, le tabac, la cerise, le bonbon acidulé, la cannelle et des notes toastées. Le profil est assez particulier mais j’aime assez bien ce nez.
Bouche: Descente aux enfers, la texture est semblable à de l’eau, c’est amer, avec une concentration aromatique qui semble complètement noyée, je me demande où sont passés les quelques 54 degrés! On retrouve le bois, le café amer, le cola, la réglisse, le chocolat noir, les fruits rouges et quelques épices.
Finale: Moyennement longue et amère. Cendres, bubblegum, bois brulé et café.

Voilà pour moi un bel exemple de l’importance de la texture, le rhum devient insipide, comparable à de l’eau aromatisée ou un mauvais café. Dommage car je trouvais pourtant le nez prometteur!

Score: 4/10

Damoiseau 1989-2010 (58.4%, fût #47)

Nez: Le premier nez me décroche une petite grimace due à l’intégration alcoolique mais avec beaucoup d’aération c’est mieux. On a le bois, la coco, la vanille, les fruits rouges, l’orange, le pamplemousse, le chocolat au lait, la pomme et le citron. Le profil est plus subtil, moins lourd que ce qu’on a l’habitude d’avoir chez Damoiseau, et j’apprécie sur ce coup.
Bouche: L’intégration alcoolique est ici très bonne, comme au nez on a un distillat plus discret, le jus est un peu plus marqué par le fût. On retrouve le bois, la cire de bougie, les fruits secs, les amandes, le cassis, les fruits rouges, la vanille, la coco grillée, le cuir, l’essence et des notes toastées. La bouche joue la carte de la finesse et ça fonctionne!
Finale: Moyennement longue. Vanille, bois, fumée noire, caramel et cuir.

Un rhum plus subtil, plus élégant que ses jeunes frères. Assez bien foutu également!

Score: 6/10

Damoiseau 1980-1998 (60.3%)

Nez: On entre dans une toute autre catégorie, le décor est planté dès les premiers instants. Le nez est riche et concentré. On a le cola, le souffre, la poudre à canon, le bois humide, la pêche, la mangue, les cendres, le sucre brun, les fruits rouges, l’orange, le pamplemousse, la vanille, la brioche à la fleur d’oranger, le moka et des notes végétales. Le nez est un peu alcooleux mais hyper complexe avec une profondeur incroyable.
Bouche: 60 degrés, vraiment? C’est parfaitement intégré, la texture est parfaite, limite soyeuse. On se fait immédiatement envouter par le cola, suivent ensuite le sirop d’érable, les épices, le bois noble, le piment, le cuir, les fruits rouges, la poudre à canon, le coing, le menthol, le cassis, l’orange, le beurre, le sucre brun, la cannelle et des notes végétales. C’est dense, concentré, avec un équilibre remarquable.
Finale: Longue. On termine sur un kick de vanille, la menthe poivrée, la framboise, le bois et le tabac.

Dommage que le nez reste un peu alcooleux même avec beaucoup d’aération, car malgré ça ce rhum reste vraiment superbe. A chaque fois que tu plonges le nez dans le verre ou que tu prends la gorgée suivante tu découvres de nouvelles choses, je pourrais continuer à écrire sur ce rhum mais malheureusement mon verre a une fin. Le nez est d’une complexité énorme et la bouche t’envoute par sa gourmandise, son équilibre, un rhum d’une autre époque. Magnifique!

Score: 9/10

Ma conclusion sera donc : un 1991 décevant, des 1989 et 1995 sympathiques chacun dans leur style, et un 1980 juste sublime. Cheers!

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Damoiseau 1995-2010
Damoiseau 1991-2010
Damoiseau 1989-2010
Damoiseau 1980-1998

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